P.I.P.P.I. (programme d’intervention pour prévenir l’institutionnalisation de l’enfant), acronyme inspiré par la résilience de Fifi Brindacier (connue comme Pippi Longstocking) en tant que métaphore des ressources des enfants à faire face aux situations adverses de la vie, est le résultat d’une collaboration entre le Ministère du Travail et des Politiques Sociales et le Laboratoire de Recherche et Intervention en Éducation Familiale de l’Université de Padoue, démarré en 2011. La cible générale du programme vise à favoriser l’investissement dans le domaine de la négligence, en promouvant l’innovation et l’harmonisation des pratiques d’interventions auprès des familles des enfants âgés de 0 à 11 ans, de différentes zones géographiques et dans les différents systèmes organisationnels existant en Italie. Le but est d’améliorer la qualité du développement des enfants et donc de réduire le risque de mauvais traitements et de placements hors famille des enfants et ceci par l’articulation des secteurs sociaux, sanitaires, éducatifs et scolaires, de la justice, des réseaux de soutien de la société civile, particulièrement en tenant compte du point de vue des parents et des enfants-même dans l’analyse et la réponse aux besoins (Serbati, Ius, Milani, 2016). Les Régions sont responsables de l’implantation du programme in loco. La négligence familiale est conçue comme 
“une carence significative, voire une absence de réponse à des besoins d’un enfant reconnus comme fondamentaux sur la base des connaissances scientifiques actuelles ou, en l’absence de celles-ci ou de consensus à propos de celles-ci), de valeurs sociales adoptées par la collectivité dont fait partie ce dernier” (Lacharité, Ethier, Nolin, 2006, p. 387). 
 Dans cet article on se pose une question concernant comment les différents professionnels impliqués dans P.I.P.P.I. décrivent les situations familiales dans la phase de la pré-évalutation (Preassessment), c’est-à-dire l’analyse préliminaire de la situation familiale. Le programme fait référence à une vision théorique de la négligence familiale qui invite les professionnels à poser un regard sur les familles centré sur les besoins de l’enfant et sur l’écologie de la négligence en adoptant une perspective centrée sur la résilience. Cette conception constitue elle-même une narration qui résulte des certaines connaissances scientifiques actuelles. Toutefois, données et expériences sembleraient démontrer que cette vision ne correspond toujours à l’approche utilisée par les professionnels. A partir de cette apparente divérgence, une curiosité éuristique est née, finalisée à analyser et mieux comprendre la vision théorique à la base des pratiques des professionnels qui participent au programme. Il s’agit pour nous, les chercheurs, d’assumer une posture de temoins, et réaliser un exercice d’écoute et d’exploration, selon l’approche caractérisant l’éthnographie institutionnelle (Smith, 2005). Dans cette démarche, on a analysé les données quantitatives fournies par les professionnels dans les sections de l’outil du Preassessment (PA) relatives à la vulnérabilité des familles (établies par catégories prédéterminées). S’ajoutent les données qualitatives déduites des descriptions qu’ils ont écrit sur l’histoire des familles et sur leurs facteurs de risque et de protection. L’ensemble de ces données qualitatives et quantitatives constitue une narration des professionnels qui révèle les théories implicites de la parentalité et de la négligence qui font partie du background des professionnels et des établissements où ils travaillent. L’approche constructiviste suggère que la langue permet de placer les expériences dans des catégories générales et de les “objectiver” dans des champs sémantiques que le lexique peut exprimer. Dans ce sens, le langage non codifie seulement le monde et l’expérience, mais crée aussi la réalité en en rendant possible la connaissance (Berger, Luckmann, 1977). Tout ça a provoqué les questions de recherche suivantes: quelle est la représentation cognitive et sociale de la négligence que les écrits des professionnels, à partir de la récurrence de mots les plus fréquents, peut dévoiler? Ces écrits des professionnels révélent aussi la représentation sur la vulnérabilité familiale diffusée au sein de contexte social et que l’université a aussi contribué à créer: de te fabula narratur. Donc, la représentation des familles construite par les professionnels que nous dit-elle de nous en tant que chercheurs ? Cette question circulaire mène à l’analyse d’une autre dimension, qui concerne l’intégration des connaissances formelles-académiques et des connaissances pratiques-professionnelles, entre les micro-systèmes et les macro-systèmes: les professionnels et leurs discours font partie de contextes qui participent à certains organisations socioculturelles et qui, à leur tour, laissent des traces dans leurs mots et dans leurs micro actions quotidiennes. Les contextes participent bien sûr à une organisation sociale et culturelle plus large. Quelles sont alors les différences et les constantes entre la narration des théories scientifiques et la narration révélée par les théories “naïves” des professionnels? Ces deux narrations, qui reflètent les cadres dont les professionnels ainsi que les chercheurs font partie (Bateson, 1972), constituent l’intrigue d’un seul discours?

De te fabula narratur: négligence et vulnerabilités des familles, professionnels et chercheurs dans le programme P.I.P.P.I

Ius M.
2020-01-01

Abstract

P.I.P.P.I. (programme d’intervention pour prévenir l’institutionnalisation de l’enfant), acronyme inspiré par la résilience de Fifi Brindacier (connue comme Pippi Longstocking) en tant que métaphore des ressources des enfants à faire face aux situations adverses de la vie, est le résultat d’une collaboration entre le Ministère du Travail et des Politiques Sociales et le Laboratoire de Recherche et Intervention en Éducation Familiale de l’Université de Padoue, démarré en 2011. La cible générale du programme vise à favoriser l’investissement dans le domaine de la négligence, en promouvant l’innovation et l’harmonisation des pratiques d’interventions auprès des familles des enfants âgés de 0 à 11 ans, de différentes zones géographiques et dans les différents systèmes organisationnels existant en Italie. Le but est d’améliorer la qualité du développement des enfants et donc de réduire le risque de mauvais traitements et de placements hors famille des enfants et ceci par l’articulation des secteurs sociaux, sanitaires, éducatifs et scolaires, de la justice, des réseaux de soutien de la société civile, particulièrement en tenant compte du point de vue des parents et des enfants-même dans l’analyse et la réponse aux besoins (Serbati, Ius, Milani, 2016). Les Régions sont responsables de l’implantation du programme in loco. La négligence familiale est conçue comme 
“une carence significative, voire une absence de réponse à des besoins d’un enfant reconnus comme fondamentaux sur la base des connaissances scientifiques actuelles ou, en l’absence de celles-ci ou de consensus à propos de celles-ci), de valeurs sociales adoptées par la collectivité dont fait partie ce dernier” (Lacharité, Ethier, Nolin, 2006, p. 387). 
 Dans cet article on se pose une question concernant comment les différents professionnels impliqués dans P.I.P.P.I. décrivent les situations familiales dans la phase de la pré-évalutation (Preassessment), c’est-à-dire l’analyse préliminaire de la situation familiale. Le programme fait référence à une vision théorique de la négligence familiale qui invite les professionnels à poser un regard sur les familles centré sur les besoins de l’enfant et sur l’écologie de la négligence en adoptant une perspective centrée sur la résilience. Cette conception constitue elle-même une narration qui résulte des certaines connaissances scientifiques actuelles. Toutefois, données et expériences sembleraient démontrer que cette vision ne correspond toujours à l’approche utilisée par les professionnels. A partir de cette apparente divérgence, une curiosité éuristique est née, finalisée à analyser et mieux comprendre la vision théorique à la base des pratiques des professionnels qui participent au programme. Il s’agit pour nous, les chercheurs, d’assumer une posture de temoins, et réaliser un exercice d’écoute et d’exploration, selon l’approche caractérisant l’éthnographie institutionnelle (Smith, 2005). Dans cette démarche, on a analysé les données quantitatives fournies par les professionnels dans les sections de l’outil du Preassessment (PA) relatives à la vulnérabilité des familles (établies par catégories prédéterminées). S’ajoutent les données qualitatives déduites des descriptions qu’ils ont écrit sur l’histoire des familles et sur leurs facteurs de risque et de protection. L’ensemble de ces données qualitatives et quantitatives constitue une narration des professionnels qui révèle les théories implicites de la parentalité et de la négligence qui font partie du background des professionnels et des établissements où ils travaillent. L’approche constructiviste suggère que la langue permet de placer les expériences dans des catégories générales et de les “objectiver” dans des champs sémantiques que le lexique peut exprimer. Dans ce sens, le langage non codifie seulement le monde et l’expérience, mais crée aussi la réalité en en rendant possible la connaissance (Berger, Luckmann, 1977). Tout ça a provoqué les questions de recherche suivantes: quelle est la représentation cognitive et sociale de la négligence que les écrits des professionnels, à partir de la récurrence de mots les plus fréquents, peut dévoiler? Ces écrits des professionnels révélent aussi la représentation sur la vulnérabilité familiale diffusée au sein de contexte social et que l’université a aussi contribué à créer: de te fabula narratur. Donc, la représentation des familles construite par les professionnels que nous dit-elle de nous en tant que chercheurs ? Cette question circulaire mène à l’analyse d’une autre dimension, qui concerne l’intégration des connaissances formelles-académiques et des connaissances pratiques-professionnelles, entre les micro-systèmes et les macro-systèmes: les professionnels et leurs discours font partie de contextes qui participent à certains organisations socioculturelles et qui, à leur tour, laissent des traces dans leurs mots et dans leurs micro actions quotidiennes. Les contextes participent bien sûr à une organisation sociale et culturelle plus large. Quelles sont alors les différences et les constantes entre la narration des théories scientifiques et la narration révélée par les théories “naïves” des professionnels? Ces deux narrations, qui reflètent les cadres dont les professionnels ainsi que les chercheurs font partie (Bateson, 1972), constituent l’intrigue d’un seul discours?
2020
9782848677866
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