Parmi les genres littéraires, le théâtre écrit présente la particularité de s’accomplir dans la représentation vivante et parlée (Dufiet & Petitjean, 2013, p. 441). Celle-ci met la parole des locuteurs personnages et l’image qu’ils donnent à voir d’eux-mêmes au centre du dispositif scénique. Dans un corpus de textes de théâtre où les personnages se présentent comme une mimésis des êtres vivants, l’éthos peut être entendu comme l’effet de réel d’une construction littéraire. Celle-ci repose entre autres sur le matériel langagier qui résulte des choix linguistiques et discursifs de l’auteur et des opérations de sélection qui de fait sont des manifestations de l’énonciation (Monte, 2016, p. 182). De la même manière que le style, l’éthos peut alors être envisagé comme un concept qui articule une intentionnalité, des formes et des effets (Ibid., p. 187) discursifs et par conséquent aussi scéniques. Par ailleurs, en raison de sa spécificité générique, le théâtre valorise naturellement le caractère oral de la langue ou tout le moins le passage à l’oral de la parole écrite. Elle met l’expression verbale des locuteurs personnages au centre du spectacle dramatique ; elle montre, en action, le rapport de l’homme à sa parole et la force de la forme de cette parole dans l’agir scénique du locuteur personnage (Dufiet, & Petitjean, 2013, p. 441). Il nous paraît dès lors pertinent de réfléchir aux marqueurs d’oralité comme éléments constitutifs de l’éthos et par là même du dispositif scénique. Après avoir délimité l’arrière-plan théorique de notre étude, nous interrogerons les deux pièces de notre corpus : Dreyfus…(1974) et L’Atelier (1979) sur le rapport du locuteur personnage à sa parole dans la construction d’un éthos qui se décline à la fois dans le singulier et dans le collectif. Ces constructions identitaires reposent tant sur le cadre scénique représenté que sur les rapports intersubjectifs qui s’y dessinent. Elles mettent en outre en évidence que l’image identitaire se construit en relation à l’autre, de sorte que le singulier et le collectif ne sont pas à entendre comme des entités distinctes. Cette mise en lumière des identités est d’autant plus significative que l’œuvre de J.-C. Grumberg fait écho aux multiples voix de la communauté juive martyrisée.

Éthos de singularité et éthos collectif dans deux pièces de J.-C. Grumberg : Dreyfus…et L’Atelier

Favart
2022-01-01

Abstract

Parmi les genres littéraires, le théâtre écrit présente la particularité de s’accomplir dans la représentation vivante et parlée (Dufiet & Petitjean, 2013, p. 441). Celle-ci met la parole des locuteurs personnages et l’image qu’ils donnent à voir d’eux-mêmes au centre du dispositif scénique. Dans un corpus de textes de théâtre où les personnages se présentent comme une mimésis des êtres vivants, l’éthos peut être entendu comme l’effet de réel d’une construction littéraire. Celle-ci repose entre autres sur le matériel langagier qui résulte des choix linguistiques et discursifs de l’auteur et des opérations de sélection qui de fait sont des manifestations de l’énonciation (Monte, 2016, p. 182). De la même manière que le style, l’éthos peut alors être envisagé comme un concept qui articule une intentionnalité, des formes et des effets (Ibid., p. 187) discursifs et par conséquent aussi scéniques. Par ailleurs, en raison de sa spécificité générique, le théâtre valorise naturellement le caractère oral de la langue ou tout le moins le passage à l’oral de la parole écrite. Elle met l’expression verbale des locuteurs personnages au centre du spectacle dramatique ; elle montre, en action, le rapport de l’homme à sa parole et la force de la forme de cette parole dans l’agir scénique du locuteur personnage (Dufiet, & Petitjean, 2013, p. 441). Il nous paraît dès lors pertinent de réfléchir aux marqueurs d’oralité comme éléments constitutifs de l’éthos et par là même du dispositif scénique. Après avoir délimité l’arrière-plan théorique de notre étude, nous interrogerons les deux pièces de notre corpus : Dreyfus…(1974) et L’Atelier (1979) sur le rapport du locuteur personnage à sa parole dans la construction d’un éthos qui se décline à la fois dans le singulier et dans le collectif. Ces constructions identitaires reposent tant sur le cadre scénique représenté que sur les rapports intersubjectifs qui s’y dessinent. Elles mettent en outre en évidence que l’image identitaire se construit en relation à l’autre, de sorte que le singulier et le collectif ne sont pas à entendre comme des entités distinctes. Cette mise en lumière des identités est d’autant plus significative que l’œuvre de J.-C. Grumberg fait écho aux multiples voix de la communauté juive martyrisée.
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