Le vin de messe en question : controverses et expériences au Saint-Office

Comme on le sait, selon la doctrine catholique les éléments constitutifs d’un sacrement sont trois, à savoir la forme (les mots du rite), la matière (les objets sensibles et l’action accomplie) et le ministre. Tous ces éléments peuvent faire l’objet de discussions ou de doutes, et les archives de la congrégation du Saint-Office sont pleines de questions posées par les missionnaires à propos de la validité de sacrements célèbres avec des variations plus ou moins légères par rapport à la norme qui avait été codifiée entre le Latran IV et le concile de Trente. Un cas particulier, et qui jusqu’à aujourd’hui a soulevé peu d’attention, est celui qui concerne la validité comme matière eucharistique du « vin » produit par l’infusion des raisins secs. Cette tradition était typique des certaines Églises pré-chalcédoniennes, particulièrement dans les régions où la culture de la vigne était difficile pour des raisons sociales et culturelles (telle que la domination musulmane) ou climatiques (quand la chaleur empêchait la conservation à long terme). Cet article se concentre sur le cas du christianisme éthiopien en étudiant comment le Saint-Office de l'Inquisition a examiné les formes d'adaptation aux pratiques locales développées par les missionnaires catholiques.